Créer une palette de couleurs cohérente et efficace
Concevoir une palette de couleurs est toujours un élément déterminant lors de la création d’une identité visuelle. En effet, ce sont les couleurs qui véhiculent les émotions et, au premier coup d’œil, parlent de la marque.
Au début de mes études de graphisme, j’avais tendance à sous-estimer l’importance de créer une palette de couleurs. Je choisissais une couleur primaire et j’utilisais un camaïeu pour étoffer mes choix, sans vraiment réfléchir à ce que véhiculait chaque teinte. Un jour, j’ai pris conscience de l’impact des couleurs et de leur signification : j’ai compris qu’une palette cohérente pouvait vraiment faire toute la différence entre une identité visuelle moyenne et une identité visuelle mémorable.
Être en cohérence avec les valeurs de la marque
Comme je le disais précédemment, la première question à se poser est celle de la signification des couleurs. Pour cela, on va s’intéresser à la sémiotique des couleurs (et non seulement à la « sémiologie » au sens large, qui englobe tous les signes). La sémiotique des couleurs vise à comprendre comment une teinte est perçue selon les codes culturels et contextuels.
En France, par exemple, le rouge évoque souvent la passion, l’urgence ou la puissance ; l’orange symbolise le dynamisme et la créativité ; et le vert clair est associé à la fraîcheur, à la nature et parfois à la sagesse. Ces interprétations varient d’un pays à l’autre : en Chine, le vert peut être lié à l’idée de tromperie, d’où l’expression « porter un chapeau vert » pour désigner une infidélité. Lorsqu’on choisit une couleur pour sa symbolique, il faut donc penser au marché ciblé, qu’il soit international, européen ou uniquement français.
Adobe à écrit un article interrésant à ce sujet !
Il est intéressant de prendre en compte la symbolique des couleurs, mais il ne faut pas la suivre au pied de la lettre. Si l’on se base uniquement sur ces codes pour sélectionner ses couleurs primaires, on risque de manquer d’originalité et de tomber dans les stéréotypes : par exemple, toutes les compagnies d’assurance en bleu, toutes les chaînes de fast-food en rouge, toutes les marques « éco-responsables » en vert.



Mon conseil : concentrez-vous sur ce que vous voulez que votre marque dégage, de manière plus large, plutôt que sur la signification littérale de chaque couleur. Pour une marque au positionnement haut de gamme, je choisirais des couleurs principales plutôt sombres, car elles transmettent immédiatement une impression de sophistication et de luxe. Pour une marque de sport économique, je pourrais opter pour un contraste plus vif et accessible, par exemple un vert énergique associé à un bleu désaturé : cela crée un effet dynamique tout en évitant le cliché du « vert pur » systématiquement attribué au « 100 % écolo ». Enfin, pour une marque jeunesse et fun, on pourrait mélanger des tons pastel avec des accent vif afin de créer une impression de légèreté et de fraîcheur.


Maintenant que la palette reflète les valeurs de la marque, voyons comment garantir sa lisibilité : parlons du contraste.
Le contraste
Une palette de couleurs efficace doit comporter un contraste suffisant pour garantir la lisibilité de votre identité visuelle sur tous les supports : site web, publications Instagram, affiches papier, flyers, cartes de visite, etc. Il est donc essentiel que votre palette propose des combinaisons de couleurs qui assurent un contraste optimal, sans quoi l’identité visuelle ne pourra pas être exploitée efficacement. Mais qu’est-ce qu’un bon contraste ? Le contraste s’évalue toujours entre deux couleurs.
En impression, pour qu’un texte ou un élément graphique reste lisible sur un fond, les deux couleurs doivent présenter une luminosité suffisamment différente. On parle alors de « couleurs isophanes » : ce sont des teintes qui, une fois converties en niveaux de gris, donnent exactement le même gris. Posé sur l’une de ces deux couleurs, un texte ne se distingue pas, car il se « fond » dans le fond. Pour détecter rapidement ce problème, il suffit de passer l’image en noir et blanc : si le texte et le fond apparaissent au même ton de gris, c’est qu’ils manquent de contraste.


Sur support numérique (site web, application…), on se réfère aux normes WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) pour vérifier la visibilité d’un texte sur son arrière-plan. Les WCAG définissent un ratio de contraste allant de 1 : 1 (couleurs identiques) à 21 : 1 (noir pur sur blanc pur) : plus le ratio est élevé, meilleur est le contraste. Il existe des outils en ligne (extensions de navigateur, vérificateurs de contraste) qui calculent automatiquement ce ratio dès que vous renseignez les deux codes couleur (hexadécimaux ou RGB). Si le résultat est inférieur au niveau recommandé (4,5 : 1 pour un texte standard, 3 : 1 pour un texte plus grand), il faut ajuster les teintes pour remonter le ratio.Mon conseil : concentrez-vous sur ce que vous voulez que votre marque dégage, de manière plus large, plutôt que sur la signification littérale de chaque couleur.


L’éco-responsabilité, on en parle ?
L’industrie du design graphique, comme beaucoup de secteurs créatifs, a un impact non négligeable sur l’environnement. Les graphistes disposent aujourd’hui de nombreuses solutions pour limiter cette empreinte, parmi lesquelles les éco-couleurs. Une éco-couleur est une teinte dont le taux d’encrage global en CMJN (somme des pourcentages de Cyan, Magenta, Jaune et Noir) reste inférieur à 100 %. Autrement dit, si l’on note par exemple C = 30, M = 20, J = 10, N = 0, le taux d’encrage total est de 60 %, c’est-à-dire qu’elle utilise moins de pigment qu’une couleur standard. L’objectif est donc de réduire la quantité d’encre déposée sur les supports imprimés.
On le sait, les encres traditionnelles à base de solvants pétrochimiques et de pigments issus du pétrole émettent des COV, contaminent sols et eaux, entravent le recyclage du papier, épuisent des ressources fossiles et génèrent des déchets dangereux. Les éco-couleurs, au-delà de diminuer la quantité d’encre, réduisent la consommation de ressources non renouvelables tout en simplifiant le dé-encollage du papier lors du recyclage.

Cela limite les couleurs possibles. Surtout les couleurs très saturées et les couleurs très foncées. Alors objectivement, créer une palette de couleurs 100% à base d’éco-couleurs me semble peut atteignable si l’on veut garantir une bonne image de marque cohérente et originale. Pas de panique : l’objectif n’est pas de viser une palette 100 % éco-responsable, mais d’y intégrer des éco-couleurs au sein d’une composition globale. Par exemple, dans la palette ci-dessous, j’ai associé des teintes dont les taux d’encrage sont majoritairement bas, certaines dépassent toutefois 100% en CMJN.


Concevoir concrètement sa palette de couleurs
Bon, c’est bien beau, mais concrètement, comment créer sa palette ? En général, je prévois environ cinq à six teintes pour une identité visuelle équilibrée. Dans ces couleurs, je sélectionne d’abord une teinte claire, une teinte foncée (destinée aux textes pour garantir une bonne lisibilité) et une couleur de soutien intermédiaire. À cette base, j’ajoute deux à trois couleurs secondaires dont le choix dépendra de l’énergie globale que je veux transmettre à la marque. Une fois ces couleurs définies, j’examine chaque combinaison possible entre elles, afin de m’assurer que chaque duo fonctionne harmonieusement, que ce soit en termes d’équilibre, de contraste ou de cohérence visuelle. L’objectif est de disposer du plus grand nombre de déclinaisons utilisables, un maximum de couleurs doivent pouvoir s’accorder avec les autres sans créer de dissonance.
Enfin, je vérifie systématiquement le contraste de chaque combinaison à l’aide d’un outil comme Adobe Color Contrast Analyzer. Cela me permet de m’assurer que les rapports de contraste respectent les normes WCAG et me garantissent une accessibilité optimale.L’ensemble de ces vérifications me permet d’ajuster légèrement la luminosité ou la saturation de certaines teintes pour garantir l’harmonie, respecter les ratios WCAG et assurer une lisibilité optimale sur tous les supports.
Et voilà ! Tu sais tout sur ma méthodologie de création de palettes de couleurs.
Bien sûr, d’autres designers graphiques auront sûrement d’autres méthodes que la mienne ; je ne dis pas que j’ai la méthode ultime. Mais, selon moi, si tu suis ces quelques points, tu devrais déjà obtenir une superbe palette qui fonctionne.
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